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jean-françois gautier - Page 3

  • Sa demeure était l'éclair...

    Les Amis d'Olivier Carré viennent de publier une superbe monographie intitulé Olivier Carré - Peintre et sculpteur 1954-1994. Un ouvrage indispensable pour découvrir l’œuvre de cet artiste puissant parti trop tôt...

    L'ouvrage est dsiponible à la commande sur le site des Archives Olivier Carré.

     

    Olivier Carré peintre et sculpteur.jpg

    " Peintre et sculpteur, Olivier Carré laisse une œuvre dont les critères d’élaboration furent exclusivement esthétiques. Il se refusait lui-même à toute doctrine, et il serait hors de propos de vouloir lui en attribuer une. Mais s’il n’y a pas de philosophie d’Olivier Carré, il existe bien une philosophie de son œuvre, de ses choix, de ses efforts vers une certaine forme de vérité picturale. Elle se confond pour partie avec la quête continue d’une compréhension lucide de ce monde, mais selon des critères extrêmement exigeants : ne jamais illustrer un savoir ou une vérité préalables, et tenter tout ce qui pourrait servir d’outil pour devenir, sans compromis avec l’hostilité de l’époque, et sans renier non plus les formes du passé.

    L’une de ses premières toiles marquantes, Le Travailleur, condense déjà les principales lignes de force de son œuvre : la thématique de la technique vient interroger une part des revendications de l’époque et les conditions qu’elles fixent à l’épanouissement de la liberté, et le tableau lui-même est compris comme une sorte de locution interjective sur le mode du Qui vive ? Autant dire qu’on chercherait en vain dans ses toiles un accomplissement serein. Ce que disait d’Héraclite le poète René Char s’applique à son art : « Il savait que la vérité est noble et que l’image qui la révèle, c’est la tragédie. » Son domaine était celui d’une espérance sans foi, d’une conscience débarrassée de toute réponse complice qui, entre l’homme et l’homme, interposerait une doctrine et aliénerait la liberté. Peu d’artistes en ce siècle se sont ainsi exercés à la contestation constructive des dogmatiques convenues, sinon quelques surréalistes libres, Dali qui inspira ses premiers essais, ou Chirico qu’il admirait.

    Une philosophie exigeante et ardue sourd de son œuvre, qu’aucun concept ne peut réduire tant ses tableaux étaient des incitations et non de quelconques solutions données à des problèmes qu’il aurait nettement formulés. Son Athéna nucléaire tout autant que quelques portraits de commandes privées montrent une expression de l’humain perçu comme une liberté à conquérir, une liberté qui doit être refusée si elle n’est qu’une permission donnée par d’autres, par la société, par quelques individus députés à cette fonction, ou par le monarque même ; la liberté telle que la comprenait esthétiquement Carré n’est pas même envisagée comme soumise à une volonté consciente, ni dépendante de la réalisation d’un projet calculé ou d’ordre politique ; elle doit sourdre de l’action, sortir d’elle comme sa principale conquête, quel que soit l’objectif pratique qui est visé. Le rôle social des individus, pour lui, importait peu ; seul l’attirait leur capacité à l’action novatrice et à la mise en œuvre d’une forme nouvelle et créatrice. Autant dire que, pour l’essentiel, Carré ne voyait autour de lui que des esclaves sans grande consistance, et s’amusait de leurs ballets. Il haïssait, pour les mêmes raisons, le circuit des galeristes et des critiques d’art.

    Son étonnante faculté d’interrogation et de sollicitation apparaît aussi dans les Têtes qu’il fixa en différents endroits de la planète : face au siège de l’ONU à New York, sur une digue danoise, sur des blockhaus de la côte atlantique, sur une tour dominant les marais de Saintonge ou sur les quais de la Seine, notamment sept exemplaires aux pieds du palais du Louvre, apposés au cours d’une opération nocturne réglée comme une action de commando. Un visage cyclopéen, dépourvu de références anatomiques humaines, remugle darwinien tourné vers l’inconnu du devenir, incarne là une sommation à vivre debout qui vomit les conformismes.

    Le personnage vivait de la même manière, interrogeant sans cesse, exigeant des réponses à ses questions, et les contestant aussitôt reçues, cherchant la matière de ses œuvres dans les interstices du savoir et de la volonté, dans les bizarreries de l’optique, dans le dénuement total de la conscience de soi confrontée au nocturne, aux rêves, à la lumières crue des projecteurs qui éclairaient son atelier.

    Il y avait là, sous une forme esthétique incomparable, une volonté décidée de ne pas séparer l’homme de son monde. Loin d’être un objet pour la connaissance objective, le monde était pour lui, d’abord, le sujet de l’action. S’il acceptait toutes les contraintes de lumières, de peintures, de sujets, de matières, de techniques, c’était sous la réserve d’un apprentissage préalable de leur domination.

    Son œuvre laisse à ses spectateurs une interrogation toujours ouverte : le rêve moderne d’un homme dont la grandeur serait conditionnée par avance étant nul et non avenu pour cause de morale dévastatrice, il reste, pour chacun, à se placer dans l’exaltation de la liberté d’action et de jugement, dans l’absence de sécurité, dans la réclamation de la gloire ou le constat de l’échec ; mais de cela, précisément, qui est encore capable ?


    De quelque bord qu’on la prenne, l’époque se pâme devant les revendications. Mais elles sont toutes d’essence technique et attendent les projets ou les entreprises qui les mettent en œuvre et tentent de les satisfaire. Carré, quant à lui, construisait sa peinture comme un événement capable de regarder son spectateur depuis l’avenir. La négation déréalisante du présent et l’affirmation péremptoire d’un autre monde possible avaient chez lui, quitte à prendre la forme d’une provocation, la même vocation à la disponibilité, la même ouverture vers l’exigence de devenir. Son art ne revendiquait rien d’objectivable. Il traduisait, poussée à ses limites extrêmes, la conscience strictement poétique et généreuse que l’artiste n’a pas à nommer la réalité des choses mais à désigner l’étrangeté qu’elles recèlent, l’inaccompli qu’elles révèlent. L’énoncé conceptuel relève de la raison, qui peut opposer des thèses et leurs contraires puisqu’elle les élabore elle-même ; les facultés propres à un créateur comme Carré ont une autre vocation : lever le voile des vérités juvéniles, ne jamais en compromettre le mystère, ni interrompre la complexité du monde, attiser le feu chaque fois que possible, montrer le geste et habiter la foudre. Sa demeure était l’éclair.

    Jean-François Gautier "

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  • La revue de presse d'un esprit libre... (45)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    Emission de deux heures consacrée par Radio Méridien Zéro au dernier colloque de L’Institut Ilade, Europe, l’heure des frontières. Successivement, interview de Jean-Yves Le Gallou, du Rucher  patriote, François Bousquet qui résume le positionnement de la revue Éléments par la formule avoir un pied dans le système et un pied hors du système, d'un artisan du bois qui fabrique des objet de cuisine, de l’un des chroniqueurs de Sputnik Édouard Chanot, de Jean Peusse, géographe, de l’équipe artistique qui a confectionné les tentures exposées au colloque, d'un participant de la promotion Marc Aurèle, Romain Le Cap qui présente une exposition d’art liée à L’Institut qui aura lieu en septembre, de Sieghilde qui fabrique des objets de la quotidienneté dans des matières nobles, d'Anne-Laure Blanc qui insiste sur la transmission de l’héritage par la littérature-jeunesse, de Benoît Couëtoux pour terminer qui évoque la formation dispensée par L’Institut Iliade dont l’objectif est de créer un réseau d’influence centré sur l’héritage européen remplaçant ainsi un école défaillante :

     
    Alain de Benoist invité à clore les débats du colloque de l’Institut Iliade du 6 avril 2019 sur le thème « Europe, l’heure des frontières » a prononcé une allocution centrée sur l’illibéralisme. Soulignant que le libéralisme s’organise autour de la notion d’humanité, en éliminant toutes les structures intermédiaires, il a insisté sur l’essence de la démocratie illibérale qui s’organise en revanche autour de la notion de citoyen, révoquant ainsi l’État de droit. Das la démocratie illibérale le suffrage obéit à la règle « un citoyen, un vote » et non comme on l’entend dire trop souvent « un homme, un vote ». dans la démocratie illibérale, le peuple n’a ni raison, ni tort, mais il décide en toute souveraineté. C’est pourquoi les frontières territoriales de l’unité politique sont essentielles. Un exposé brillant qui résume tout le colloque :
     
     
    Nous découvrons un raisonnement comparable à celui d’Alain de Benoist dans un tribune publiée par Le Figaro. Cet article de Mathieu Bock-Côté réfléchit aux propos du président Macron lors de sa conférence de presse du 25 avril qui disait vouloir pour la France un « patriotisme inclusif ».

    " Dans sa conférence de presse du 25 avril, Emmanuel Macron a dit vouloir pour la France un « patriotisme inclusif ». La formule, qui se voulait positive, a peut-être néanmoins écorché certaines oreilles dans la mesure où elle laissait entendre que le patriotisme français, jusqu’à tout récemment, avait été « exclusif ». Doit-il connaître une mue idéologique pour redevenir moralement acceptable ? En quoi le patriotisme français d’hier et d’avant-hier échouait-il le test humaniste de l’hospitalité ? On serait en droit de poser la question à ceux qui se réclament de cette notion : que veut dire devenir inclusif ? Quels critères distinguent le bon patriotisme du mauvais ? Le patriotisme tragique du général de Gaulle était-il suffisamment inclusif ? On l’aura compris, en termes macroniens, le patriotisme français devrait passer de la société fermée à la société ouverte, ce qui n’est peut-être qu’une manière de reconduire en de nouveaux termes le clivage apparemment insurmontable entre progressistes et populistes que les premiers cherchent à imposer.

    [...]

    Le patriotisme inclusif témoignerait d’un autre rapport au monde. D’ailleurs, la formule n’est pas neuve. En 2013, le rapport Tuot, qui avait suscité un certain écho médiatico-politique, avait cherché à l’imposer en plaidant pour le modèle de la « société inclusive », délivré de toute conception substantielle de l’identité française, comme si cette dernière était autoritaire et poussiéreuse.

    [...]

    Pour peu qu’on traduise ce vocabulaire propre à la novlangue diversitaire, on retrouve tout simplement l’idéologie multiculturaliste.

    [...]

    Dans la perspective multiculturaliste, le peuple historique qui formait le corps de la nation n’est plus qu’une communauté parmi d’autres dans la société plurielle. Il doit consentir à son déclassement symbolique et consentir à une forme de décolonisation intérieure. S’il le refuse, il devient dès lors le principal obstacle à la reconstruction d’une nation véritablement inclusive, dans la mesure où il refuserait d’accepter une différence déstabilisant ses certitudes. Une telle posture serait condamnable. "

     
    L’OJIM s’interesse également à Mathieu Bock-Côté pour la parution de son dernier essai L’Empire du politiquement correct. Essai sur la respectabilité politico-médiatique  paru récemment aux Editions du Cerf dans la mesure ou l’auteur y décrypte l’idéologie dominante qui s’étale dans les médias. Comme d’habitude l’OJIM se livre à un travail salutaire :
     
    Analyse du discours d’Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse. L’auteur le désigne comme un Narcisse maladif :
     
     
     
    Très belles réflexions d’Alain Finkielkraut au sujet de l’incendie de Notre-Dame de Paris. Pour lui le patrimoine est autre chose qu’un « filon touristique », c’est la présence des morts, un vestige palpable du passé. La présence de Notre-Dame rehausse de sa beauté et de sa spiritualité notre vie sur terre. C’est parce que nous sommes aussi des « habitants » que  nous avons besoin de ces choses durables qui résistent à l’érosion du temps. Pour que l’émotion qui nous étreint ne demeure pas sans lendemain, ajoute-t-il, il convient que la politique retrouve son sens. La politique n’est pas seulement comme elle tend à le devenir, gestion du processus vital (« bio-politique » comme disait Michel Foucault ou « administration ménagère » comme disait Anna Arendt). La tâche du politique est aussi de rendre le monde habitable, et l’une des bases de l’habitabilité c’est la beauté. Alors qu’Anne Hidalgo annonce fièrement que la cathédrale sera prête, pimpante pour les jeux olympique elle dévoile son jeu, celui du filon touristique, et celui de la vision économiste et marchande du monde. L’indécence du propos révèle, si besoin est, l’obscénité de nos gouvernants tous ancrés dans le culte du veau d’or. On notera également que Finkielkraut regrette que parler de racines soit devenu « réactionnaire » selon la doxa dominante et que donner une définition substancielle de la France soit prendre le risque d’exclusion des nouveaux arrivants si bien que dans notre pays même il est loisible d’afficher une identité quelle qu’elle soit à la condition de ne jamais faire mention de la notre ce que confirme la définition de l’Europe moderne selon le sociologue allemand Ulrich Beck : « Vacuité substancielle, ouverture radicale » (première référence).
    L’émission qui promet d’être hebdomadaire reprend les recettes de L’esprit de l’escalier, toujours avec Elisabeth Lévy comme sparring-partner et tout cela dans un nouvel écrin au nom évocateur de 
    « Réacnroll » qui s’annonce comme la web-télé des « mécontemporains » (deuxième référence)  :
     
     
     
    Dans un article où il rappelle la tribune des 1170 conservateurs du patrimoine, architecte et professeurs qui estiment que 5 ans ne suffiront pas pour mener à bien les travaux de rénovations, Olivier Bost dénonce toutes les dérogations mises en place par le gouvernement pour précipiter les travaux de réfection de Notre-Dame de Paris. Visiblement Emmanuel Macron, homme pressé, entend faire de ce chantier une marque de sa mégalomanie de président bâtisseur en se passant des experts du patrimoine. On peut donc s’attendre au pire de la part de celui qui se veut le chef de file des « progressistes » :
     
     
    Extrait d’une réaction désabusée de l’architecte Rudy Ricciotti sur l’architecture contemporaine. « Si une façade du XIX siècle pouvait être décrite par 100 mots, aujourd’hui la façade d’un immeuble contemporain ne peut pas être décrite par plus de 3-4 mots ». Il célèbre également la beauté de Notre-Dame de Paris et déplore le manque de personnalité des bâtiments de notre époque ;
     
     
    Michel Drac dans sa dernière vidéo rend compte de l’excellent livre de François Bégaudeau Histoire de ta bêtise. Drac ne cache pas son admiration pour cet écrivain d’ultra gauche qui a su, dans ce livre, prendre du recul face aux sermons de sa classe d’origine, en gros la bourgeoisie de gauche et les petits bourgeois d’extrême gauche, pour nous livrer un panorama consternant de leur cinéma. Les explications de Michel Drac pointent cependant l’impensé de l’auteur, ce qui fait de son exposé une bible pour la dissidence :
     
     
    L’Inactuelle a eu l’excellente idée de re-publier un entretien revigorant de Cornelius Castoriadis sur l’écologie politique. Il y déclare, entre autre pépite, que « le politique est une architectonique de la cité dans sa totalité. Elle a de cette manière rapport au sacré, par son ancrage dans un récit, une histoire, un passé, un présent et un avenir, sans quoi le monde moderne s’effondrera sous le joug de la volonté de puissance de la techno-science… »  :
     
     
    Émission du Libre journal de la Nouvelle Droite consacrée au livre très dense de Thibault Mercier Discriminer ou disparaitre , co-publication de l’Institut Iliade et des Éditions Pierre Guillaume de Roux  et à Maxime Dalle qui publie une anthologie des écrits parus dans Raskar Kapac revue littéraire intéressante de facture conservatrice :
     
     
    Critique approbative du livre de Thibault Mercier Athéna à la borne. Discriminer ou disparaître par Michel Geoffroy sur le site très riche de la Fondation Polémia. Exister, c’est se distinguer de l’autre, c’est délimiter un dedans et un dehors, c’est inclure et exclure en fonction d’une limite. C’est donc discriminer. Discriminer ou disparaître, il faut choisir. À l’heure où le refus de toutes discriminations est devenue un argument essentiel de l’idéologie libérale, libertaire et mondialiste pour délégitimer toute les identités de manière à ne reconnaitre que l’individu et l'humanité, il réhabilite cette notion avec hardiesse et le raisonnement est véritablement implacable :
     
     
    Un petit tour de l’actualité par Alain de Benoist. Il traite succinctement de Notre-Dame de Paris, du mouvement des Gilets jaunes, de Julian Assange, du Venezuela et des scandales pédophiles dans l’Église : 
     
     
    Excellent exposé de Caroline Galactéros sur les déboires de la (non) politique extérieure de l’Europe et de la France :
     
     
    Olivier Maulin qui vient de faire paraître Le populisme ou la mort (Via Romana) préfacé par François Bousquet est ici rapidement croqué par Jean-Yves Le Gallou. Ce dernier insiste sur le « coming out » d’un auteur qui jusqu’ici ne s’était pas signalé par des prises de position politique. Son livre contient ses meilleurs articles parus sous pseudonyme dans l'hebdomadaire Minute que toute le bien-pensance tient pour un vulgaire « torchon » mais qui à l’occasion se montre capable de recruter des collaborateurs d’exception comme ce volume en fait foi  :
     
     
    Les  Gilets Jaunes constituent-ils un phénomène « miraculeux » ? Oui selon le romancier Olivier Maulin qui accorde un entretien au chroniqueur de Sputnik Édouard Chanot. « j’espère que les élites paieront un jour pour certaine trahisons! » déclare-t-il sans ambages au terme d’une prestation décapante :
     
     
    Christophe Guilluy accorde un entretien à l’hebdomadaire Le Point. Pour ce géographe inventeur et théoricien de la France périphérique le repli identitaire est une conséquence logique du modèle multiculturel  arrivé dans les bagages de la mondialisation. Le peuple des Gilets jaunes a de quoi être amère puisque il se trouve cadenassé en dehors des grandes métropoles gentrifiées, tenus à l’écart des marchés de l’emploi et culturellement ringardisés. Le monde d’en haut, dit-il, a fait sécession et a abandonné toute notion de bien commun confinant l’État-providence à l’oubli programmé aussi est-il compréhensible que les classes populaires cherchent à préserver le bien qui leur reste à savoir leur capital culturel :
     
     
    La diffusion hebdomadaire d'I-Média est un des moments phare de la réinformation surTV-Libertés. Présentée par un duo de choc constitué de Jean-Yves Le Gallou et Nicolas Faure il s’efforce chaque jeudi d’opérer la critique positive du traitement de l’actualité par les médias de grand chemin. Des médias qui sont certainement les principaux agents du politiquement correct et à ce titre de puissants agents inhibiteurs de la libre expression du peuple. Ci-joint le dernier numéro, toujours aussi captivant qui traite entre autres de la fake-new colportée par Julien Pain de France-info à propos du grand remplacement. Selon lui, interviewant François Hérant à l’appui de sa thèse, le grand remplacement relève d’une théorie complotiste (première référence). Hélas pour le journaliste redresseur de tort son intox s’avère comme une simple manipulation des chiffres comme le souligne la démographe Michèle Tribalat, une spécialiste de renom, membre de l’INED, qui s’est fait mettre au placard par le même François Héran, la caution malheureuse de Julien Pain, désormais au Collège de France pour services rendus. Ce monde de connivence qui viole la réalité des chiffres est décidément tout petit (deuxième référence)  :
     
     
     
    Réflexion très riche de Jean-François Gautier sur et à partir de l’ouvrage célèbre de Walter Benjamin, L’oeuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique. Selon Gautier la crise de l’art à l’époque contemporaine est d’abord une crise du politique :
     
     
    Jean-Pierre Marielle vu par Ludovic Maubreuil. « Chantre d’un cinéma gouailleur et réfléchi, salace et profond ». L’une des meilleures chroniques parues sur ce témoin de la France d'avant :
     
     
    Bernard Asso publie dans Le Figaro un tribune bien documentée sur le thème du gouvernement des juges. Nos lois remarque-t-il sont non seulement dictées par des normes européennes mais par l’interprétation qu’en font les juges de la Cour de justice de l’Union européenne et de la Cour européenne des droits de l’homme dans le domaine sociétal et mettent en danger les libertés fondamentales de l’individu et allant jusqu’à la sanctification du délit de blasphème. Une position clairement assumée chez ce professeur de droit, candidat sur la liste des Républicains pour les prochaines européennes :
     
     
    Autre perversion du droit. Ali Laïdi vient de publier Le droit, nouvelle arme de guerre économique. Comment les États-Unis déstabilisent les entreprises européennes (Editions Actes Sud 2019). Dans cette enquête rondement menée il démontre comment les Américains se servent de l’extra-territorialité de leur droit pour mener une guerre économiques contre les entreprises européennes. Pourtant face à ces offensives récurrentes l’Union européenne demeure impuissante. Interrogé ici par Le Figaro, il déclare par exemple que la chancelière Angela Merkel trouve tout à fait normal que les États-Unis épinglent les entreprises étrangères soupçonnées de corruption et imposent leurs diktats dans le monde qu’ils contrôlent. Devant ce problème les Européens sont comme tétanisées et renoncent à réagir. Pourquoi ? Parce que la notion même de guerre économique est balayé à Bruxelles. « L’Europe c’est la paix, et la puissance est un gros mot à Bruxelles »  conclue-t-il :
     
     
    Jean Messiha, Copte d’origine et énarque, membre du Rassemblement National, s’exprime devant les caméras d’Elise Blaise après la conférence de presse du président de la République et énonce les principales orientations de son mouvement avec vivacité  :
     
     
    Nicolas Dupont-Aignan était l’invité d’Élise Blaise le 4 mai. Avec un minimum de démagogie il parle du fake-new de Christophe Castaner au sujet de l’affaire de la Pitié-Salpêtrière, de l’incendie de Notre Dame-de Paris et présente à grands traits les éléments de son programme pour les Européennes :
     
     
    Entre succession de poses et déclarations contradictoires pour ne pas dire schizophréniques Nathalie Loiseau, la très charismatique tête de liste LREM pour les prochaines élections européennes se débat comme elle peut, c’est à dire très mal et révèle « en même temps » une propension pathologique au mensonge. Ce véritable feuilleton d'une saga macroniste ubuesque  est illustré par Nicolas Gauthier dans ce bref article de Boulevard Voltaire. Le kulturkampf mené par le président contre les « anti-progressistes » est mal parti :
     
     
    Un article bienvenu d'Hervé Juvin sur l’islam qui, contrairement à l’idée que s’en font nombre de nos contemporains, de se laisse réduire ni à son image terroriste, ni à ce que dans les élites occidentales les belles âmes aimeraient qu’il soit. Pour lui l’islam en Europe se nourrit des vertiges de l’Occident, de sa repentance, de sa haine de soi, et du vide spirituel qui le ronge : 
     
     
    Une analyse d’Aurélien Marq qui confirme celle d’Hervé Juvin. Impossible pour un observateur honnête de considérer l’islam comme un bloc monolithique. Il évoque les réseaux obscurantistes de l’islam dans notre pays qui menacent de mort les apostats et livrent une guerres quotidienne aux musulmanes qui refusent de porter le voile. Mais il faut se rendre à l’évidence; seuls quelques intellectuels se réclamant de l’islam protestent contre cet état de fait alors que pour la grande majorité d’entre eux c'est un silence pesant qui fait loi vis à vis de ces exactions. Une société sécularisée comme la notre peut-elle supporter que l’allégeance dogmatique d’un nombre grandissant de fidèles musulmans à une foi venue d’ailleurs puisse s’exprimer ici avec une ostentation qu’en théorie la République réprime ?  Marq se réclame d’Abdelwahab Meddeb un tunisien musulman que la doxa occidentale qualifiera volontiers d'éclairé, animateur sur France culture aujourd’hui décédé qui ne craignait pas de passer pour un mécréant en réclamant une réforme du Coran afin que soit reconnue son origine humaine. Ce qui va, bien entendu à l’encontre de la croyance musulmane traditionnelle regardée comme vérité fondamentales. Mais la liberté de conscience que cette réforme permettrait d’introduire peut-elle se postuler hors de son contexte occidental sans sombrer dans le péché d’ethnocentrisme qui fut tant reproché à l’Europe coloniale ?
     
     
    Non ce n’est pas carnaval mais le sourire énamouré d’un bouffon (et maire Républicain de Toulouse…) affiché au cours d’une cérémonie d’intronisation dans une culture africaine dans sa ville même. Jean-Louis Moudenc ne craint-il pas que le Conseil Représentatif des Associations Noires de France l’accuse de pratiquer une sorte de blackface, cette odieuse manière pour un Blanc se singer les Africains ? Dommage qu’il n’y ait pas de mot, fut-il en globish, pour désigner l’inverse, à savoir le fait pour les Africains de se grimer en Blanc; les exemples abonderaient. Mais il est vrai qu’il y manquerait l’essentiel c’est à dire l’idée d’une domination exercée par un groupe ethnique sur un autre. Que les « antiracistes » ne s'impatientent pas trop, avec des olibrius tel le maire de Toulouse ça sera bientôt chose faite :
     
     
    « La vraie facture de l’assistanat en France, c’est celle de l’assistanat des entreprises. Nous allons bientôt 150 milliards de subventions à l’économie et aux entreprises dans ce pays (…) C’est cette manne d’assistanat qu’il faut reprendre, pour remettre le patronat au travail ». Mélenchon ? Non ! Alain Madelin en 2014…
     
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  • Les populistes à l'assaut de l'europe...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°177, avril 2019 - mai 2019) est en kiosque !

    A côté du dossier consacré au populisme à l'assaut de l'Europe, on retrouvera l'éditorial d'Alain de Benoist, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés, des entretiens, notamment avec John Milbank et Adrian Pabst, Mathieu Baumier, Etienne Chouard, Fiorina, Pierre Conesa et Olivier Entraygues, les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Ludovic Maubreuil, de Laurent Schang, d'Hervé Juvin, d'Yves Christen et de Slobodan Despot et l'anti-manuel de philosophie de Jean-François Gautier...

    Bonne lecture !

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

     

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    Au sommaire :

    Éditorial           

    Populistes, encore un effort ! , par Alain de Benoist

    Agenda, actualités

    Lire la suite

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  • Tour d'horizon... (157)

    crispr-cas9, génie génétique, jean-françois gautier, gigantisme, inde, macron

    Au sommaire cette semaine :

    - sur L'Inactuelle, Jean-François Gautier revient sur l'affaire des bébé chinois génétiquement modifiés...

    Chimères du génie génétique

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    - sur The Conversation, Geetha Ganapathy-Doré nous fait découvrir une des expressions de la volonté de puissance indienne...

    Culte du gigantisme : quand le mythe devient réalité dans l’Inde néolibérale

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    - sur Vu du droit, Mathieu Morel s'interroge sur la volonté de Macron de poursuivre le coup d'état qui l'a porté à la tête du pays...

    Emmanuel Macron : coup d’État phase II ?

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  • L’imbroglio du Brexit !...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Jean-François Gautier, cueilli sur L'Inactuelle, la revue d'un monde qui vient, et consacré à la question du Brexit... Docteur en philosophie, essayiste, musicologue et historien des sciences, Jean-François Gautier collabore à différentes revues et a notamment publié  L’univers existe-t-il ? (Actes Sud, 1994) et Le sens de l'Histoire (Ellipse, 2013).

     

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    L’imbroglio du Brexit !

    Les multiples difficultés liées à la sortie de la Grande-Bretagne (Brexit, pour British Exit) hors de l’Union européenne (UE) laissent pantois les politiques et les commentateurs continentaux. D’un mois à l’autre, d’une semaine à l’autre, parfois d’un jour à l’autre, il semble que les avis britanniques changent du tout au tout sur cette question, tant les blocages parlementaires ou d’opinions s’accumulent à l’endroit de Theresa May, Premier ministre conservateur, chargée des négociations de retrait auprès de l’UE. Cette valse-hésitation porte néanmoins une leçon : les différents systèmes de représentation parlementaire en usage en Europe ont des caractéristiques et des effets juridico-politiques discriminant.

    Le peuple anglais n’est pas souverain.

    Une simple comparaison éclaire la situation anglaise. L’un des principes juridiques majeurs des diverses Républiques françaises, explicité notamment dans la Constitution de la Ve République (1958), est celui d’une souveraineté fondatrice, celle du peuple, qui s’exerce « par les représentants et par la voie du référendum » (article 3). C’est précisément là que réside l’exception historique britannique : le peuple n’y est pas souverain, pas plus que la Couronne ; le gouvernement londonien travaille sans constitution, sur la base des attendus de la Glorieuse Révolution de 1688-1689, condensés dans le Bill of Rights, une Charte de Droits agréée par un régnant d’origine néerlandaise, Guillaume d’Orange, staathouder républicain des Provinces-Unies continentales, devenu le même jour (13 février 1689) William III roi d’Angleterre et William II roi d’Écosse.

    Son beau-père et prédécesseur, le très catholique Jacques II Stuart, qui venait d’être détrôné et exilé en France, avait pour ambition la construction progressive d’un pouvoir absolutiste, calqué sur celui de Louis XIV, aux fins évidentes de mieux s’y opposer. Après l’avoir destitué, la classe politique révolutionnaire, aussi attentive à l’expression des libertés religieuses qu’à celle de son propre ascendant, imposa sa Charte à William III : le Bill maintient le régnant à la tête de l’Église anglicane (ce qu’est toujours Elisabeth II), mais limite drastiquement les prérogatives de la Couronne en transférant à deux Chambres préexistantes, celle des Lords et celle des Communes, l’essentiel de la souveraineté dont la royauté était garante, à la nuance près de quelques pratiques aristocratiques, décisives pour la pérennité des Lords qui participèrent à la Révolution. Ce premier exemple européen moderne de monarchie parlementaire fut, pour William, une condition sine qua non de son accession au trône. En l’absence de toute constitution ultérieure, la Charte est toujours en vigueur à Londres, modifiée à la marge par des amendements accordant, depuis 1911, une priorité décisionnelle aux Communes dans la gouvernance de la souveraineté.

    C’est pourquoi le référendum du 23 juin 2016, aux termes duquel 51,89 % des électeurs britanniques se prononcèrent en faveur d’une sortie de l’UE, doit être considéré comme seulement consultatif, non comme législatif ou impératif selon une exégèse typiquement française. Ce cas n’est pas unique. Lorsque, en juin 1975, le premier ministre travailliste Harold Wilson organisa un référendum (le premier dans l’histoire locale) relatif au maintien de l’adhésion britannique à la CEE d’alors (elle y était entrée en 1973), il ne s’agissait pas pour les électeurs de décider quoi que ce soit de législatif, mais d’approuver ou non la décision, déjà prise par les Communes le 19 avril, de rester dans la CEE. C’était une consultation d’opinions, indispensable pour Wilson qui risquait d’être mis en minorité dans son propre parti (Whig), mais non un référendum législatif au sens français. La réponse référendaire aurait-elle été négative, Wilson eût dû repasser par les Communes pour négocier une nouvelle décision de leur part.

    Les hésitations de Theresa May.

    Cette orientation interprétative a été confortée à la fin de l’année 2016. Theresa May avait entrepris à cette époque, sans délégation particulière mais en application des résultats d’un référendum qu’elle n’approuvait pas, de négocier par elle-même un accord de retrait auprès de la Commission européenne. Une minorité de députés, en désaccord avec elle, demanda en cette matière l’arbitrage de la Haute-Cour londonienne, laquelle, par un arrêt en date du 3 novembre 2016, exigea que le gouvernement obtienne l’accord du Parliament avant d’entamer ses pourparlers avec l’UE. La décision en dernier ressort appartient bien aux représentants, titulaires de la souveraineté, non aux exécutants qui en appliquent les résolutions. Et cela concerne encore le Traité âprement négocié depuis le 29 mars 2017, date à laquelle, suivant en cela les termes de l’article 50 du protocole d’adhésion à l’UE, la Grande-Bretagne a officiellement ouvert un délai de deux ans pour conclure son Traité de séparation. Ce dernier a été approuvé le 25 novembre 2018 par 27 chefs d’État européens. Il est applicable à la date du 29 mars 2019, mais il ne peut s’imposer à la Grande-Bretagne sans l’approbation en dernier ressort des Communes, lesquelles renâclent. D’où l’impasse juridique.

    Le 10 décembre dernier, veille du jour où les Communes devaient se prononcer sur ce Traité, Theresa May annonça qu’elle en reportait le vote au 21 janvier 2019, soit 39 jours avant l’échéance fatidique. Ce fut un coup de théâtre calculé. Sachant qu’elle n’obtiendrait pas, le 11 décembre, une majorité aux Communes, Mrs May leur imposait un dernier délai de réflexion. Elle les mettait en demeure d’arbitrer, sous leur seule et définitive responsabilité, entre trois possibilités juridiques et pratiques : soit un refus du Traité, et la Grande-Bretagne retrouverait du jour au lendemain (30 mars 2019) la position diplomatique, juridique et commerciale qui était la sienne avant son entrée dans l’UE (1973), avec toutes les conséquences et complications afférentes, tant administratives que douanières, relatives à la circulation des biens et des personnes entre le Royaume et le continent ; soit une acceptation du projet de Traité, qui facilite l’adaptation de ces circulations, et il resterait, à la marge, deux années complémentaires (renouvelables une fois) pour régler le problème particulier de l’Irlande ; soit l’organisation d’un nouveau référendum, pour reprendre le pouls d’une opinion aujourd’hui mieux informée qu’en 2016 de la portée d’un retrait de l’UE, et capable de réorienter les avis des Chambres (dans cette hypothèse, Mrs May pourrait juridiquement obtenir de la Commission une allonge du délai avant sécession).

    L’Europe : facile d’y entrer, difficile d’en sortir…

    Le problème irlandais ne peut être négligé, qui montre des difficultés de philosophie politique remarquables. L’appartenance de l’Ulster (Belfast) et de la République d’Irlande (Dublin) à la même UE avait permis au Premier ministre travailliste d’alors, Tony Blair, d’obtenir un armistice (accord dit « du Vendredi saint », 10 avril 1998) dans la guerre civile trentenaire (3500 morts en Ulster) opposant les unionistes irlandais pro-britanniques et le Sinn Fein indépendantiste. Depuis, la frontière entre les deux Irlande est pratiquement ouverte, sinon poreuse, ce qui donna des débouchés à l’agriculture et à l’artisanat du Nord. En cas de Brexit sans accord préalable, cette frontière serait de nouveau fermée, et la reprise de la guerre civile plus que probable. C’est pourquoi l’actuel projet de Traité prévoit, à la demande de Mrs May, un délai de deux années supplémentaires pour trouver localement des conditions propres à aménager sans heurts la situation irlandaise ; les règles juridiques et commerciales de l’UE s’appliqueraient entre-temps non à la Grande-Bretagne entière mais à la seule Ulster (Belfast), et sa frontière avec l’Eire (Dublin) resterait ouverte ; mais, durant cette période, la Grande-Bretagne n’aurait toujours pas de liberté de commerce avec le reste du monde, et l’Ulster aurait une sorte de frontière maritime avec la maison-mère. Ce que refusent nombre de juristes et de députés arguant, non sans motif, qu’il ne peut exister de partition ni de rupture dans la continuité territoriale de la souveraineté britannique. D’où le choix de certains élus de refuser l’actuel projet de Traité intégrant une exception irlandaise, laquelle est néanmoins reconnue comme délicate.

    Il y a nombre de leçons à tirer de cette affaire du Brexit, laquelle montre, pour des motifs historiques variés, qu’il est plus aisé d’entrer dans l’UE que d’en sortir. Un référendum, qu’il soit consultatif, constitutionnel ou législatif, suscite toujours des agréments et des oppositions à motifs très divers. Mrs May, classée à l’origine au nombre des rares députés conservateurs (Tories) opposés au Brexit, en a fait le décompte : il y a des conservateurs intransigeants souhaitant relancer vers le grand large une Grande-Bretagne enfin libre de négocier des accords commerciaux de son choix avec la planète entière, ce qui n’est pas autorisé dans le cadre de l’UE ; mais aussi des conservateurs écossais, gallois ou irlandais décentralisateurs, souhaitant rester dans l’UE et donc opposés au Brexit ; et des travaillistes (Whigs) opposés par principe aux conservateurs, mais partisans d’un maintien dans l’UE et donc opposés au Traité comme certains conservateurs ; etc. La diversité des mobiles chez les « pour » et les « contre » est un classique des consultations référendaires, face à quoi un statut législatif ou constitutionnel de celles-ci a l’avantage d’apporter une réponse claire, par oui ou par non. Le statut du référendum étant exclusivement consultatif en Grande-Bretagne, celui de 2016, par principe et depuis 1689, retrouve ipso facto, quelle qu’en soit la réponse, toute une palette de nuances parlementaires et de couleurs irisées entre lesquelles il est impossible d’arbitrer par oui ou par non.

    Le citoyen, sa conscience et ses représentants.

    L’exception britannique est compréhensible. La « conscience » humaine (consciousness), qui est au fondement de la souveraineté politique des individus citoyens, et donc de celle du peuple, est d’invention métaphysique et politique tardive. Le concept en a été avancé, dans son Essai sur l’Entendement Humain, par un philosophe certes anglais, John Locke, ami de Guillaume III et de la reine Mary, née Stuart, qui l’avaient connu aux Pays-Bas, mais son livre ne fut publié que quelques semaines après l’agrément royal du Bill of Rights, cette quasi constitution qui ne tient pas compte des consciences individuelles, ni ne les évoque.

    Étaient d’abord politiques, et éminemment politisés dans l’Angleterre de la fin du XVIIe siècle, les droits d’expression revendiqués par les différentes confessions religieuses qui, comme en France ou dans les principautés germaniques, avaient d’énormes difficultés à coexister. Charles II, monté sur le trône en 1660, et Jacques II à sa suite étaient, comme tous les Stuart d’origine écossaise, ouvertement catholiques. Ils réunissaient contre eux la plupart des anglicans bon teint, des calvinistes, des luthériens, des baptistes et autres chapelles dissidentes. Motif pour lequel les Chambres avaient appelé Guillaume d’Orange sur le trône, un protestant hollandais plutôt calviniste, mais qui avait épousé Mary, la fille aînée de Jacques II, ce qui arrangeait les problèmes de légitimité successorale. Dans une Europe alors traversée de conflits religieux sanglants, le coup de maître de John Locke fut d’en énoncer une forme de laïcisation, une neutralisation par la consciousness. Cette « conscience » attachée à l’individu (considéré en tant qu’Homme en général) avait le mérite de dépolitiser d’un coup l’âme propre aux croyants ; grâce à cela, les différentes confessions purent toujours s’opposer entre elles quant au statut de l’âme et des devoirs qui lui incombent sur la voie du salut, mais elles purent aussi admettre une certaine neutralité de la conscience individuelle à la Locke, dans le champ politique bien sûr, ce qui contournait les conflits de croyances, mais encore l’admettre dans le champ de l’éthique civique, ce qui libérait le juridique de toute référence religieuse quant à ses fondements.

    Ce concept très flou de « conscience », qui fait toujours débat dans les neurosciences modernes, esquivait à l’époque, et très habilement, les conséquences politiques des luttes confessionnelles. La rédaction préalable du Bill of Rights en avait toutefois restreint par avance l’expression législative et juridique, limitée d’emblée aux seules voix des représentants réunis dans les Chambres londoniennes. Les révoltes continentales ultérieures enregistrèrent la leçon. Reste que, toutes choses inégales par ailleurs, la situation française des « gilets jaunes », très contemporaine, exprime un problème entrant dans le même champ conceptuel. Si l’ordre politique en place est a priori réputé arbitrer, par représentants interposés, les conflits internes d’un peuple, comment la consciousness de chaque citoyen peut-elle exprimer – hors le détour par des représentants – son désaccord politique d’avec l’ordre en place ? La question a, d’évidence, un aspect logique troublant. Mais c’est entrer véritablement en politique que d’y porter réponse, ou du moins de le tenter.

    Jean-François Gautier (L'Inactuelle, 14 décembre 2018)

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  • Nature ?...

     Le numéro 49 de la revue Krisis, dirigée par Alain de Benoist, avec pour rédacteur en chef Thibaut Isabel, vient de paraître. Cette nouvelle livraison est consacrée à la nature...

    Vous pouvez commander ce nouveau numéro sur le site de la revue Krisis ou sur le site de la revue Eléments.

    Bonne lecture !

     

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    À la question de la conciliation de la croissance et de l’écologie, la réponse devrait apparaître évidente à toute personne sensée : une croissance infinie est incompatible avec une planète finie. Cependant, cette évidence qu’un enfant de 5 ans comprendrait, il semble que les responsables politiques et économiques ne peuvent ni ne veulent la comprendre. Elle fait l’objet d’un déni de leur part à tous, à l’exception notable, récente et limitée du Pape François, mais il est vrai qu’il s’agit d’un chef de gouvernement sans responsabilités proprement politiques – sa responsabilité est d’abord religieuse, et le Vatican est un État sans territoire et ne faisant pas partie de l’organisation des Nations-Unies. La plupart des responsables, y compris voire surtout les ministres de l’Environnement, se gargarisent de l’affirmation de la compatibilité de l’économie et de l’écologie, en soulignant même parfois la racine grecque commune des deux termes. Cela permet de contourner, mais de façon purement rhétorique, une «vérité qui dérange» pour le dire comme l’ex-vice-président Al Gore à propos du seul changement climatique. Il n’empêche qu’il y a incompatibilité radicale entre la logique de la société de croissance – et donc de l’économie – et l’impératif écologique; cependant, le déni de cette incontournable vérité dérangeante, quand il n’est pas affiché frontalement, est contourné par toutes sortes de subterfuges comme le développement durable, source de toutes les croissances vertes.

     

    Sommaire

    Serge Latouche / Peut-on concilier la croissance et l’écologie?

    Entretien avec Bertrand Guest / L’idée de nature chez Humboldt, Thoreau et Reclus.

    Yves Christen / Le mystère de la biophilie.

    Alain Gras / Monde animal et monde humain.

    Falk Van Gaver / Pour une éthique du vivant.

    Jean-François Gautier / Aux origines de la «phusis» hellénique.

    Jean Guiart / Témoignage : Nature et culture, des concepts vides et sans fondement.

    Entretien avec Augustin Berque / La catastrophe écologique moderne.

    Jean-François Gautier / Des cosmopolitiques multiples.

    Thibault Isabel / Le respect de la nature comme élévation du sentiment d’exister.

    Entretien avec Jean-Claude Guénot / Le réveil du sauvage.

    Pierre Schoentjes / De la guerre aux années hippies : pacifisme, retour à la terre et écologie chez Exbrayat.

    Alain Sennepin / Le grand cachalot.

    Débat entre Frédéric Dufoing, Thibault Isabel et Falk Van Gaver / Le christianisme est-il éco-compatible?

    Alain Santacreu / L’écosophie à venir.

    Jean-François Gautier / L’espace, le quantique et les oiseaux.

    Les auteurs du numéro

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